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Boris Boublil | Mù

France, Royaume-Uni, Belgique, Hongrie

Boris Boublil | composition / piano / keyboard / guitar
John Parish | guitar / keyboard
Csaba Palotaï | guitar
Sacha Toorop | drums
Theo Girard | bass / double bass
Robin Fincker | tenor sax / clarinet
Morgane Carnet | baritone sax / clarinets
Antoine Berjeaut | trumpet / bugle
Jesse Vernon | violin

Pour son premier navire à son nom, le clavier du Surnatural Orchestra s’embarque avec un bel équipage d’amis de tous horizons, sur les traces de navigateurs comme Mark Hollis ou Nino Rota, à la recherche d’un continent perdu.
, telle l’Atlantide, est un continent perdu, englouti dans l’océan, dont l’existence n’est pas prouvée. Composé de neuf musicien.e.s, Mù est désormais un mini orchestre imaginé par Boris Boublil, mêlant timbres acoustiques, musique électrique et électronique. Avec son équipe européenne venue des scènes du jazz et des musiques improvisées – Csaba Palotaï, Antoine Berjeaut, Robin Fincker, Morgane Carnet – comme du pop-rock anglais – John Parish, fidèle complice de PJ Harvey, Boris Boublil est fin prêt pour voguer sur les mers du nouveau monde, avec l’envie de mélodies simples, de couleurs post-rock, de chansons sans paroles enivrantes…

Mù est produit par OTARIE & coproduit par REMA-La Carène; a bénéficié du soutien de la SPEDIDAM et de l’ADAMI (au titre de l’aide à la création) ainsi que de la DRAC Ile-de-France au titre de l’aide au projet 2022.


Nouvel album | 93 manifesto

Parution le 14 avril 2023 – Carton records
Enregistré à Rockfield Studio par Joe Jones 
Mixé à Honorsound Bristol par John Parish assisté de Oliver Baldwin
Réalisé par John Parish et Boris Boublil

boris+boublil+-+mù+93+manifesto+800 copie

Boris Boublil ferme les yeux. Il rêve son groupe idéal. Il imagine une guitare et surgissent aussitôt, côte à côte, John Parish et Csaba Palotaï. Il pense à une clarinette et le souffle de Robin Fincker baigne le songe. Il dessine dans l’espace les formes courbes d’un violon et celles-ci empruntent la silhouette de Jesse Vernon. Il pose son doigt sur son pouls : ce sont les battements de Sacha Toorop. Quand Boris rouvre les yeux, son groupe est là, au complet. La contrebasse de Théo Girard, le saxophone de Morgane Carnet et la trompette d’Antoine Berjeaut l’ont entre temps rejoint et portent le nombre de musiciens à neuf. Neuf musiciens exceptionnels, neuf amis chers.
Ce groupe qu’ils forment, Boris Boublil le baptise Mù : le continent perdu, la terre idéale, le souvenir d’un monde heureux, une vie avant Babel. Mu : une seule syllabe, comme les sons conjugués de leurs instruments se fondent en un seul et même chant. Mus : comme le mouvement naît sitôt qu’ils se retrouvent. Mue : à quarante ans, Boris Boublil opère un virage en fondant son propre groupe, y dévoilant ses propres compositions.

Celles-ci sont jouées en groupe à Brest puis fixées aux mythiques studios Rockfield près de Cardiff dans le Pays de Galles, où John Parish a ses habitudes. Une ferme plantée dans la lande, parmi les moutons. Une semaine durant, au début du printemps 2022, le groupe donne forme aux musiques écrites par Boris, dans une atmosphère de travail et de joie. C’est live que la musique est enregistrée sur bande. Puis, Boris et John s’octroieront une semaine supplémentaire pour mixer les pistes. Boris a longtemps attendu ce moment. Si Mù n’existe que depuis deux ans, cela fait une quinzaine d’années que cette musique s’est faite jour dans sa tête, qu’il en caresse l’espoir. Depuis qu’il a découvert l’album All animals move de Parish, il sait que c’est dans ces parages qu’il aimerait évoluer : ceux d’une musique à la fois rock et orchestrale. Qui du rock, nourrirait l’électricité mais briserait les moules. Du jazz, inviterait les cuivres et explorerait les timbres mais refuserait la virtuosité, déclinerait les solos. De la pop, traquerait la mélodie mais en tairait les voix. De la musique contemporaine, chérirait l’attention à l’écriture. Boris rencontre bientôt John et l’amitié naît. Puis tous deux se lient artistiquement au début des années 2010 au sein du collectif rock Playing Carver.

L’idéal esthétique que Boris poursuit, il l’a approché, les deux dernières décennies, au sein du collectif Surnatural Orchestra. Mais Mù resserre le propos : moins de musiciens et sa seule signature lui permettent d’embrasser enfin cette musique qui se joue en lui depuis de longues années, de tracer un chemin vif et net jusqu’à elle. Dès les premières notes de 93 manifesto, on sait que cette musique est riche des années que Boris a cultivées, à la rêver et murir, la grandir de collaborations et d’amitiés. Dès l’ouverture de l’album – aplats sertis de gravier de l’orgue, basse et batterie à la pulse profonde, clarinette dans le sillage de laquelle saxophones et trompette élèvent leurs notes à l’unisson, guitares qui déboulent zigzagant et traçant quelques sillons indociles sur la surface moirée de la musique –, on est saisi. La beauté trouble de la musique qui s’avance vers nous, dans ses ondoiements de vagues entêtées et sa rétivité à obéir à quelque genre, happe. Sa route de traverse découvre un no mans land où tout peut s’inventer ; les neuf de Mù prennent la tangente direction l’irréel. Embrassent des paysages si vastes en le geste éclair d’une poignée de morceaux. Le trouble ressenti naît peut-être de ce rapport entre l’espace et le temps – le premier infini, le second recueilli dans le poing serré de quelques minutes qui, sitôt libérées, semblent éternité.

On dit parfois que les musiques instrumentales sont les bandes-son de films sans images. Mais la métaphore échoue ici : les images sautent à l’esprit. On ne saurait confier lesquelles tant elles sont intimes – ce sont les images d’un rêve où celles qui viennent nous visiter quand on se retire au plus profond de nos pensées. Est-ce ceci, cet état de « mélancolie positive » que Boris Boublil avance, quand on lui demande quelle serait l’humeur de Mù ?


Déjà parus :

Mu-secretsession

Mu-thebasement